01/10/2025 / AGENDA OCTOBRE 2025

AGENDA OCTOBRE 2025

Ami·es bonjour!

Octobre grince aux fenêtres, grince aux portes et dans les tuyauteries. De tout ce qui grince nous entendons faire sourdre la musique. Des preuves? Allez :

#01 Alexis Degrenier pense et pratique la musique contemporaine comme un objet contondant, la philosophie comme un merveilleux art d’enfance, la querelle comme un exercice de spiritualité.

#02 Avec ‘Agora’, Julien Desprez pense avec les pieds, et il joue aussi de la guitare, parait-il. Ce qui sonne comme faire cracher la lumière à un fer à souder.

#03 Il est toujours impressionnant de voir Bégayer rassembler ses têtes, ses gestes fous et ses grandes idées neuves autour d’un seul et même projet; transformer sa science de l’évitement en grand ramdam très excitant! 

#04 Soy Tierra, c’est Borja Flames & Barbara Dang, le premier au micro, à la kalimba, au glockenspiel, la seconde au piano préparé et au micro. Ensemble iels chahutent un choix de poèmes en espagnol sur une musique savante et joueuse, dont l’espèce de minimalisme post-baroque est une fièvre.

#05 Sérieux cap à l’est pour Das Kinn dont la musique de fête paradoxale fait sauter les beats comme autant de patates tubéreuses (dans le pif) et dont les synthés sentent le pneu brûlé.

#06 Abdullah Miniawy se réinvente en solo tel un paon magnifiquement déplumé et rêveur. Rêves faits de vers ciselés en arabe littéraire puis ourlés à la manière d’un conteur soufi, épris de sensualités inédites et pétri de paradoxes heureux.

#07 Périple franco-espagnol pour Stranded Horse & Boubacar Cissokho dont le folk au sens très large (l’Angleterre, les anciennes Amériques, la Réunion et le Sénégal) en une seule  ligne de mire reformule en nos temps convulsifs quelque chose comme la possibilité d’une fraternité retrouvée.

#08 Copieuse tournée japonaise pour Vincent Moon et son ‘Live Cinema’ qu’on ne présente plus: images mouvementées, musique aux sangs mêlés, récits de voyages et accélérateurs de transe aux vertus multiples et durables.

#09 Nina Garcia fait sonner sa guitare électrique comme une grotte où bondissent pour la première fois aurochs et bisons dans le balai d’une lampe torche, comme un très enfoui rêve de petit enfant qui remonte par l’oreille, comme une chorale fantôme dans une dent cariée.

#10 Felicia Atkinson prend le pouls du monde comme on calcule l’arrivée d’un train l’oreille à même les rails, puis le traduit par un ballet de drones, des échos de poésie et de spéculation S-F, le goût du hasard et un sens courtois du bruit.

#11 Papier Tigre à domicile pour affronter son propre blizzard. Mathématiques cannibales, angles démolis, cœur à l’ouvrage: c’est ce qu’on appelle le rock à son plus ferrugineux.

#12 Un soir crooner, l’autre DJ, Matt Elliott dont le halo d’absinthe et de lanterne-tempête tiendra lieu de phares à tous les spectres venus hanter le bout du monde.

#13 On ne sait jamais très bien ce que Winter Family ralentit ou accélère au sein de sa musique sans pareille, faite de langueurs et de coups de poings, de caresses infinies et de trépidations juxtaposées. Tout y est émouvant, tout y est  inquiétant, désespérément vivant.

#14 Avec une voix d’exception, étirable et puissamment incarnée, une approche cascadeuse de la guitare électrique, un sens, enfin, des métamorphoses digne du vieux Ovide, Zoe Heselton rénove le folk par les montagnes russes, les prêches hallucinés du free jazz, le psychédélisme des étoiles-mêmes. 

#15 Eric Chenaux invente un art qui liquéfie ensemble jazz vocal, soul-music, ars nova et free très doux. On y dodeline, on s’y perd, on y rêve à poings fermés les yeux ouverts.

#16 Radio Hito joue et chante d’ineffables chansons écrites dans le presque rien des choses (poésie d’après la saignée, blancheur de la page, itération des micro-motifs), préférant la finesse des sensation troubles aux épanchements de l’émotion.

#17 Qui tend bien l’oreille entendra dans Rien Virgule, mille cliquetis, vrombissements et soupirs les ombres de toutes les musiques de possession, d’hypnose ou de guérison du monde connu. Le tout dans un époustouflant charivari de fenouil, de sorgho et d’imprécations floues.

#18 La Tène rumine un rock psychédélique sans bariolages, un rock calcaire, immobile, pétrifiant qui doit autant aux musiques très très anciennes qu’aux avant-gardes les plus noires.

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