

Èlg et La Chimie
Immense Éboulis Rouge
Release date: 03/11/2025
Tout au long de son parcours musical, Laurent S. Gérard alias Èlg (prononcer ‘Hellgue’) a continuellement convoqué le songwriting comme pont, comme bulle à contes, comme zone de trouble entre musique savante et culture populaire. Le format chanson s’est tantôt fondu dans la fiction radiophonique (la série en 10 épisodes Amiral Prose, 2017), tantôt l’opéra de poche expérimental (Vu du Dôme, 2018, Editions Gravats), ou la musique concrète comme art de l’abrupt (Mauve Zone, 2016, Nashazphone), où s’exprimaient de multiples voix entrecroisées, de carambolages de sous-mondes et autres mille-feuilles schizoïdes.
Hormis les gestes d’écriture plus transparents, sortis en single comme Armelle (Le Vilain Chien, 2007) et Féérie Bis (Lexi disques, 2014) et jamais interprétés en live, l’effort de songwriting, dans un même album a toujours été déjoué, désamorcé, plié ou parfois même saboté par une énergie du putsch permanent faisant intrinsèquement partie du processus d’écriture, de façon pulsionnelle et inconsciente.
C’est l’expérience d’enregistrement en conditions live de l’essai avant-pop « Dans le Salon du Nous » sorti sur le label Vlek en 2021, album sur lequel était déjà présent Johann Mazé, percussionniste éclairé (France Sauvage, Jihem Rita), qui a donné la confiance et l’impulsion de monter un trio sous le nom de Èlg & la Chimie en convoquant la magnificiente Marie Nachury (Mille, l’ensemble Stimmlippe) à la voix et à la basse pour interpréter certaines tracks de cet album en concerts.
Au fil des tournées, Èlg compose régulièrement de nouvelles chansons et en totale collaboration avec le le groupe les arrange et ré-arrange pendant trois années de concerts avant de rentrer en studio en 2024 avec Manuel Duval (Rien Virgule, La République des Granges) aux manettes.
« Immense éboulis rouge » est avant tout une mise à nue. Les voix sont là sans maquillages, intelligibles, fragiles, martiales ou susurrées, elles incarnent des textes elliptiques, ou l’influence de Michaud peut côtoyer le surréalisme de Calleja et La Fontaine, sortes d’arc-en-ciel radioactif surplombant continuellement des images mentales hallucinées (des enfants s’immolant sur un parking, des maux cachés sous un yacht, des collines d’or dans des égouts, des animaux qui se pendent à l’envers) pour pointer du doigt la perte de sens, le repli sur soi et la montée de violence voire les guerres à venir qui hantent notre présent.
Ces voix sont continuellement lovées dans le flot musical sucré/amer qui les soutient, que ce soit dans des ritournelles folk comme « la voix bleue » des ballades ésotérico-écologiques comme « Le Groenland existe » ou des transes de rock en électronique pulsatiles comme « Comprendre son cheval » ou « La ville cachée ». Il n’est pas rare, lorsque les voix se sont tues, d’entendre ces sons déborder et exploser en fin de morceaux comme autant de feux d’artifice cinglants et crescendos incontrôlables.
C’est cet équilibre entre délicatesse et excès, apaisement et débordement qui caractérise ce long-métrage musical au pouls et aux images imprévisibles.
Une suite de scènes chantées, susurrées, parlées et hurlées, ponctuées de jaillissements en earworms mélodiques, de ballades crève-cœur pour concert en stades, de comptines folk, de mantras électroniques et de finaux de comédies musicales.
Èlg & la Chimie font la tentative de dessiner leur propre cartographie du ciel pop. Richard Dawson, Kate Bush, Philippe Katerine, Pharoah Sanders, Mica Levi, Tom Zé ou Charlene Darling, se retrouvent toutes et tous à un moment en ombres chinoises dans cette épopée.
Tracklist :
Face A : 1) La voie bleue 2) Le Groenland existe 3) Comprendre son cheval 4) Hypnose Brève
Face B : 1) Drames lambdas 2) La ville cachée 3) Gdansk
Crédits :
Textes et musique – Èlg
Arrangements – Èlg, Marie Nachury, Johann Mazé
Èlg – voix, guitalélé amplifié, clavier, séquenceurs
Marie Nachury – voix, basse, clavier, percussions
Johann Mazé – voix, batterie, pads
Enregistrement – Manuel Duval à La Grange Cavale
Mixage – Laurent S. Gérard
Mastering – Mont Analogue
Artwork – Jul Quanouai
Graphisme – Ludi Loiseau
Production – Murailles Music
MM038-LRDG 084 © Murailles Music, La République des Granges 2025