30/10/2025 / AGENDA NOVEMBRE 2025
AGENDA NOVEMBRE 2025
Ami·e·s hello, bonjour, salut!
Novembre est là et avec lui: météo instable, farce politique, lendemains qui chantent faux, giboulées de nouvelles nulles, et pourtant, mais aussi, mais encore: de l’ardeur toujours renouvelée, des hautes fièvres, des plans d’action, de l’amour, de la camaraderie, de l’audace, de exercices de liberté. Voici la carte :
#01 Stranded Horse & Boubacar Cissokho allongent leurs pas vers toujours plus de lumière et de sérénité dans de longues chansons ouvertes, fertiles, refusant en toute conscience de céder à la ténèbre et au cynisme. Ce répertoire, une eau claire qui enivre.
#02 Une date napolitaine pour Bégayer, groupe motorique à explosions contradictoires où théâtre de masques et vacarme rouge, danses rituelles au bord du rien et musiques traditionnelles sans passé, font un seul feu de joie inquiète.
#03 Das Kinn, kézaco? Un vieux compteur électrique rafistolé puis transformé en boîte de nuit atomique, un charivari house hédoniste, conceptuel et tapageur, un taser artisanal pour faire trémuler les idées noires, un rébus synthétique dont la solution n’existe pas.
#04 Une guitare à la fois machine à coudre et table de dissection, des percussions jouées comme si le rythme était un sac de boxe, un flow de sulfateuse ensorcelée et des vocalises, le diaphragme au bord des lèvres: c’est Mopcut feat. Mc Dälek.
#05 ‘Sayat Nova‘, film inouï et littéralement sorcier, recueil mouvant d’enluminures baroques connectant le·la spectateur·rice au sacré, le chef d’oeuvre de Paradjanov est ici mis en son par un trio d’expérimentateur·rice·s (Seilman/Careil/Loiseau) venus du rock expérimental, du théâtre et de la danse. Un ciné-concert convulsif comme jamais.
#06 Eric Chenaux joue du r’n’b comme si c’était de la musique expérimentale, pratique la musique improvisée comme la musique la plus évidente et populaire qui soit, envisage la guitare comme si elle était tous les instruments du monde sauf une guitare, tout ça en même temps et c’est franchement sexy.
#07 Arlt jouera quelques chansons, prélevées bouche la première, dans son opulent répertoire pour les frotter aux textes étranges de l’écrivaine suisse Adelhaid Duvanel. De cette dernière, disparue en 1996, aujourd’hui republiée par les éditions Corti, le duo donnera d’excentriques lectures en compagnie de la romancière Rebecca Gisler et du poète Victor Rassov à la faveur d’un cabaret spirite, maboule et neigeux.
#08 Rien Virgule est une grande galerie de miroires déformants où jazz noisy et cosmologies anciennes, avant-pop, berceuses psychotiques, et b.o. imaginaires sont constamment allongées puis élargies et rapetissées, on s’y perd, on y pousse des cris.
#09 Sur une guitare en colimaçons, Zoe Heselton, seule ou en trio, chante ce qu’on appellera chansons faute de mieux mais qui sont des vertiges, des chutes de haut, des danses pour se relever. Dedans vibre tout ce qui vibre depuis toujours dans le blues pré-historique, le free jazz, le flamenco, l’amour et la résistance.
#10 Belle tournée américaine avant un retour paneuropéen pour Felicia Atkinson. Son art, quasi télépathique, émet sans gesticulation un vaste ensemble de signaux microscopiques hérités de disciplines, genres, pratiques très variées (poésie, ready made, science-fiction, musique contemporaine…) et dont la somme fait un effet maximal.
#11 Èlg & La Chimie publie ‘Immense éboulis rouge’, un album faramineux qui, en effet, voit pas mal rouge et dont les chansons schizoïdes, ébouillantées, semblent s’ébouler les unes sur les autres tout du long. Plein à rabord de folk maximaliste, de pop de stade auto-destructible et de mélodies sans frein, ce véritable opéra post-à-peu-près-tout est aussi un thermomètre de notre époque ultra-trouble.
#12 Les chansons de Radio Hito sont de minutieux agencements de textes évidés-translatés puis soufflés sur une musique de plus en plus minimale. Toute leur science objective ne suffit pas à en expliquer le mystère, l’émotion singulière et c’est tant mieux.
#13 Le Live Cinéma de Vincent Moon, c’est, comme son nom l’indique, du cinéma et du live, du cinéma en live et du live qui fait son cinéma. C’est du drive-in sans bagnole mais en lévitation brutale. C’est une fête transcendantale. C’est un nouveau genre de veillée. Voire un nouveau genre de réveil.
#14 Il vous sera conté par Amaury Cornut dans la Conférence ‘Moondog à Travers le 20e siècle’, la vie trépidante de Louis Hardin, faux clochard, faux viking mais vrai alchimiste et précurseur décisif de tout ce que la musique savante allait compter d’important à sa suite. Et en musique. Et dans la bonne humeur. Et que ça saute!
#15 Danse Musique Rhône-Alpes fait tousser les concepts, cogiter la teuf, blêmir la night et pousser le poil avec ou sans pleine lune. Pour se remuer sur le dance floor, c’est très bien aussi sinon.
#16 Marion Cousin & Eloïse Decazes apprivoisent tout un troupeau de mini-amplis avec des magnétos K7 à remonter le temps, à froisser le temps, à plier le temps sur lui-même et deux voix fausses-jumelles dont la gravité espiègle n’a d’égale qu’un magnétisme de grande noyade.
#17 Sourdure a commencé par trafiquer les musiques de bals trads avec des moteurs chouravés dans les décharges du rap et de la techno. Quelques années plus tard, le son Sourdure est devenu un territoire à part entière, une époque en soi : immédiatement reconnaissable, dans son psychédélisme pneumatique et crissant, sa contemporanéité rutilante, son éternité.
#18 Thomas Bonvalet joue d’une musique qu’il est le seul à jouer, assurément. Une musique de peu de bruit, mais d’une immense intensité (milles navires et mille sabords dans une seule bouteille et sans rien casser), et donnée en jauges ultra réduites. Ces concerts sont des moments rares et bouleversants
#19 La Tène en Italie puis en Suisse avec sa grande musique d’orage qui menace, explose, cingle et s’abat, éclaire, et laisse pantelant qui s’y serait attardé mal préparé.
#20 Winter Family mélange musique verticale et musique horizontale. Ses orgues et claviers bourdonnent, et ça n’a rien à voir avec la torpeur. Ses rythmiques affolent la tension artérielle dans un sens puis dans l’autre. Ses chansons remuent la nuit.
#21 Raphael Loher : dix notes, deux octaves, une idée sur laquelle se concentrer comme un marteau têtu sur un seul clou jusqu’à la fin des temps: voilà qui suffit à ce pianiste-fakir pour déplier mille paysages (mentaux, abstraits ou très concrets), et y faire scintiller mille épiphanies.
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