‘Per Que Torçut Dansan Lo Monde’

BIO

Performance chorégraphique et musicale
‘Per Que Torçut Dansan Lo Monde’
‘Pour Que Tordus Dansent Les Gens’

Nous avons pris pour point de départ un traité de danse rédigé par Fernand Dezangles (1871-1944) dans « Chants et chansons de danse d’Auvergne » faisant mention d’une danse ancienne dénommée « Goignade » qui pourrait s’apparenter à la bourrée, telle qu’on la connaît aujourd’hui en Massif Central. Celle-ci se caractérise par un alliage singulier d’éléments chorégraphiques codifiés et d’improvisation. Les couples évoluent ensemble sans se toucher, selon des déplacements en miroir, en spiral, en arc de cercle, avec un fort ancrage au sol. Selon l’excitation ambiante et le jeu des musicien, la danse peut se trouver ponctuée de « frappés », coups de pied au sol et de « quials », cris d’enthousiasme des danseurs. Ses rites de transformations (de la voix, de la couleur du visage pour ne pas être reconnaissable) la situe dans un champs du monstrueux, et engage l’extraversion d’une énergie sexuelle et ventrale. En occitan, las gaunhas, ce sont les joues, gaunhar ou degaunhar c’est contrefaire, singer, grimacer, et enfin la gaunhada c’est la grimace ou la singerie.

Danser la goignade, ce serait donc danser la grimace, singer le monde en danse. Fernand Dezangles la décrit comme une danse au caractère gesticulatoire et peu formel, bouffonne et licencieuse. Cette danse semble aussi tenir sa part de jeu parodique et caricaturale, s’amusant d’autres danses en les singeant, telle une méta-danse qui aurait un discours sur toutes les autres.

Elle aurait parcouru la France du Moyen-Age et fut de nombreuses fois interdite et condamnée, jusqu’à sa disparition vers 1880. Cet écrit de Fernand Dezangles nous a permis à la fois un point d’ancrage et de détachement pour
explorer tels des spéléologues les recoins incertains de cette culture. Débusquer de l’oubli une danse polémique du Moyen-Âge nous a permis de réfléchir par la même occasion à la folklorisation des traditions populaires, ce mouvement qui à su conserver des danses et des formes qui se seraient perdues mais qui en les désignant comme mourantes les a aussi parfois confisqué aux peuples, en standardisant les formes et les styles.

Walter Benjamin disait qu’il fallait ré-ecrire l’histoire en convoquant les récits mineurs, manquants, et non celle qu’ont écrit les vainqueurs. Il y a sans doute une jouissance et une subversion toute particulière à pouvoir porter une zone du mineur sur une scène.

Nous sentant parfois à l’étroit dans l’appareil de la représentation, en même temps que dans nos rôles d’artistes, il nous est aujourd’hui nécéssaire de reconquérir des espaces de communion hors représentation et hors hiérarchie.

De là nous nous rallions intuitivement au carnaval, en lui empruntant certains de ses grands thèmes et figures mythiques ; la transgression, le monde renversé, le monstre-humain. Par les outils du simulacre et du rituel, le monstre apparaît, la norme s’inverse, l’impossible est rendu au possible.

Le glissement d’une situation de représentation (spectacle), dans laquelle le public est en position de réception et où les places et roles sont clairement assignés, à une situation de communion (danse collective), ou le public est en action, où les interprètes et les spectateurs se rejoignent dans la position du danseur et ou la danse collective s’élabore sur le vif, dans le chaos, par auto-organisation. Les meneurs, qui peuvent être des interprètes ou des membres du public deviennent des excitateurs, des « ambianceurs ».

Dispositif :
Il n’y a pas de scène, l’espace est au moins semi circulaire, voir circulaire préfigurant l’indistinction de la deuxième partie du spectacle entre spectatrices, spectateurs et performeuses et performeurs. La partie où justement le spectacle n’est plus un spectacle mais une fête où chaque personne est un agent agissant et où la hiérarchisation vole en éclat.
L’indistinction, le trouble se retrouve dans la forme même du spectacle qui tente d’être la forme de vie désorganisée du carnaval. Difficile de savoir si ça a déjà commencé ou si ça n’en fini pas de démarrer. Les frontières entre la vie, les préparatifs et le jeu s’estompent.
Ce pourrait-être vu comme la tentative de compresser huit heures de fête populaire en une petite heure, dans un objet scénique hybride relevant à la fois du concert, de la performance dansée, du théâtre de tréteaux et du bal.

Durée : 50 minutes
Tout public (à partir de 7ans)

Avec Ernest Bergez, Bastien Mignot, Pauline Simon, Elisa Trébouville

Accueil et Remerciements : CND de Pantin, Le Silencio, Marie-Thérèse Simon. Agence culturelle de Dordogne.

CONTACT

Booking : jullian.muraillesmusic[at]gmail.com
Promo : promo.muraillesmusic[at]gmail.com


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‘Per Que Torçut Dansan Lo Monde’
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Nous avons pris pour point de départ un traité de danse rédigé par Fernand Dezangles (1871-1944) dans « Chants et chansons de danse d’Auvergne » faisant mention d’une danse ancienne dénommée « Goignade » qui pourrait s’apparenter à la bourrée, telle qu’on la connaît aujourd’hui en Massif Central. Celle-ci se caractérise par un alliage singulier d’éléments chorégraphiques codifiés et d’improvisation. Les couples évoluent ensemble sans se toucher, selon des déplacements en miroir, en spiral, en arc de cercle, avec un fort ancrage au sol. Selon l’excitation ambiante et le jeu des musicien, la danse peut se trouver ponctuée de « frappés », coups de pied au sol et de « quials », cris d’enthousiasme des danseurs. Ses rites de transformations (de la voix, de la couleur du visage pour ne pas être reconnaissable) la situe dans un champs du monstrueux, et engage l’extraversion d’une énergie sexuelle et ventrale. En occitan, las gaunhas, ce sont les joues, gaunhar ou degaunhar c’est contrefaire, singer, grimacer, et enfin la gaunhada c’est la grimace ou la singerie.

Danser la goignade, ce serait donc danser la grimace, singer le monde en danse. Fernand Dezangles la décrit comme une danse au caractère gesticulatoire et peu formel, bouffonne et licencieuse. Cette danse semble aussi tenir sa part de jeu parodique et caricaturale, s’amusant d’autres danses en les singeant, telle une méta-danse qui aurait un discours sur toutes les autres.

Elle aurait parcouru la France du Moyen-Age et fut de nombreuses fois interdite et condamnée, jusqu’à sa disparition vers 1880. Cet écrit de Fernand Dezangles nous a permis à la fois un point d’ancrage et de détachement pour
explorer tels des spéléologues les recoins incertains de cette culture. Débusquer de l’oubli une danse polémique du Moyen-Âge nous a permis de réfléchir par la même occasion à la folklorisation des traditions populaires, ce mouvement qui à su conserver des danses et des formes qui se seraient perdues mais qui en les désignant comme mourantes les a aussi parfois confisqué aux peuples, en standardisant les formes et les styles.

Walter Benjamin disait qu’il fallait ré-ecrire l’histoire en convoquant les récits mineurs, manquants, et non celle qu’ont écrit les vainqueurs. Il y a sans doute une jouissance et une subversion toute particulière à pouvoir porter une zone du mineur sur une scène.

Nous sentant parfois à l’étroit dans l’appareil de la représentation, en même temps que dans nos rôles d’artistes, il nous est aujourd’hui nécéssaire de reconquérir des espaces de communion hors représentation et hors hiérarchie.

De là nous nous rallions intuitivement au carnaval, en lui empruntant certains de ses grands thèmes et figures mythiques ; la transgression, le monde renversé, le monstre-humain. Par les outils du simulacre et du rituel, le monstre apparaît, la norme s’inverse, l’impossible est rendu au possible.

Le glissement d’une situation de représentation (spectacle), dans laquelle le public est en position de réception et où les places et roles sont clairement assignés, à une situation de communion (danse collective), ou le public est en action, où les interprètes et les spectateurs se rejoignent dans la position du danseur et ou la danse collective s’élabore sur le vif, dans le chaos, par auto-organisation. Les meneurs, qui peuvent être des interprètes ou des membres du public deviennent des excitateurs, des « ambianceurs ».

Dispositif :
Il n’y a pas de scène, l’espace est au moins semi circulaire, voir circulaire préfigurant l’indistinction de la deuxième partie du spectacle entre spectatrices, spectateurs et performeuses et performeurs. La partie où justement le spectacle n’est plus un spectacle mais une fête où chaque personne est un agent agissant et où la hiérarchisation vole en éclat.
L’indistinction, le trouble se retrouve dans la forme même du spectacle qui tente d’être la forme de vie désorganisée du carnaval. Difficile de savoir si ça a déjà commencé ou si ça n’en fini pas de démarrer. Les frontières entre la vie, les préparatifs et le jeu s’estompent.
Ce pourrait-être vu comme la tentative de compresser huit heures de fête populaire en une petite heure, dans un objet scénique hybride relevant à la fois du concert, de la performance dansée, du théâtre de tréteaux et du bal.

Durée : 50 minutes
Tout public (à partir de 7ans)

Avec Ernest Bergez, Bastien Mignot, Pauline Simon, Elisa Trébouville

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